Bienvenue dans le journal de bord d'une Française au Royaume-Uni depuis 15 ans. Votre dose de conseils, infos, humour et récomfort - chaque samedi.
Suite à l’annonce du lancement de cette newsletter sur mon compte Instagram il y a plusieurs semaines, je suis heureuse de pouvoir enfin vous partager ce premier article.
On commence avec un thème qui me semble central dans l’expérience de l’expatriation : la confiance en soi.
Petit aperçu de mon bureau, chez moi à Bristol, depuis lequel je vous écris.
Au programme
Le déclic
Exploser sa zone de confort
Cas pratiques
Le décalage entre son “moi” français et anglais
Et ça continue, encore et encore…
Le déclic
J’aime faire le bilan régulièrement, afin de mettre en marche ce que je souhaite accomplir dans les mois à venir. Mais j’ai souvent de gros doutes sur ma capacité à affronter la nouveauté, à tel point qu’il y a trois ans, j’ai consulté une psychologue pour la première fois de ma vie afin de m’aider sur le sujet.
Un jour, elle m’a fait la liste des choses dont on avait parlé qui, pour elle, était la preuve irréfutable que je savais m’adapter aux situations que je redoutais. A ma surprise, la majorité d’entre elles était liée au fait
d’être expatriée. Mon anxiété prenait tellement le dessus que je ne m’en était même pas rendu compte. Ça a été un vrai déclic qu’elle le formule pour moi ce jour-là.
Peut-être que ça peut vous aider aussi de prendre un moment pour penser à tout ce que vous avez accompli depuis votre départ de France.
Exploser sa zone de confort
Aujourd’hui, je fête mes 15 ans au Royaume-Uni. Arrivée à Londres le samedi 12 septembre 2009, je découvrais ma colocation à Hammersmith et ma chambre avec un bout de fenêtre manquant, ce qui m’a valu d'être malade la quasi-totalité de ce premier hiver anglais. Le lundi suivant, je commençais un contrat d’un an pour une petite boîte à Fulham sous une pluie battante. Clairement, ce n'était pas le départ le plus réjouissant.
Depuis toute petite, mon père me répète sans relâche que “la clé de tout c’est l’A-D-A-P-T-A-T-I-O-N.” Pendant longtemps, j’ai accueilli sa devise avec des soupirs agacés d’adolescente. N’empêche qu’il avait raison.
En partant à l’étranger, on se doute bien que tout ne sera pas un long fleuve tranquille et que des petits (et gros) détails viendront mettre à mal votre enthousiasme. Moi qui ai tendance à me complaire dans une routine bien maîtrisée, sortir de ma zone de confort en partant m’installer en Angleterre m’a forcée à prendre conscience de ce potentiel d’adaptation que je sous-estimais complètement. Vous aussi ?
Cas pratiques
Parmi les défis marquants de mon expatriation à date, les principaux que je recense sont :
Travailler en anglais
Me faire des amis proches et les voir partir
Déménager 8 fois en dix ans à Londres
Surmonter ma peur de conduire à gauche
Épouser un Anglais et abandonner l’idée de rentrer en France
Devenir maman loin de mes proches, pendant une pandémie
La majorité de ces événements n’aurait pas eu lieu si j’étais restée en France. Et force est de constater qu’avoir surmonté chacun d’entre eux m’aide à gagner un peu plus confiance en ma capacité à encaisser plus que ce dont je me croyais capable.
Loin de moi l’idée de dire que j’ai une confiance inébranlable (est-ce possible ? souhaitable ?) mais je suis bien plus à l’aise dans mes baskets qu’à l’époque où la Mélanie de 24 ans débarquait à St Pancras. C’est clairement une conséquence du choix de vivre à l’étranger.
Et vous, qu’est-ce que vous avez accompli ici qui vous prouve que vous êtes capable de vous surpasser ? Peut-être que c’est apprendre l’anglais de zéro ? Vous faire à la grisaille alors que vous êtes du Sud ? Obtenir la double nationnalité ?
Le décalage entre son “moi” français et anglais
Cependant, une drôle de notion s’entremêle à tout ça : un ressenti différent de ce niveau de confiance entre mon “moi français” et mon “moi anglais”. Je ne suis pas radicalement différente dans les deux langues/cultures/pays, mais il y a clairement un décalage.
Par exemple, je suis plus à l’aise pour faire du small talk en français, mais je trouve plus facile de parler de mon métier en anglais.
J’ai tendance à avoir un discours plus optimiste sur des sujets de société au Royaume-Uni – influencée sans doute par mon mari, qui est la personnification même de l’optimisme – alors que mon naturel râleur reprend le dessus sur les sujets d’actualité français (mais j’y travaille).
Je laisse mon côté excentrique s’exprimer davantage en Angleterre qu’en France, parce que, à tort ou à raison, sortir du moule me semble mieux accepté dans mon pays d’adoption.
Il n’est donc pas toujours facile de savoir où se situe son niveau de confiance, mais il est normal de ne pas être au top en toutes circonstances, qu’on soit biculturel ou non.
Et ça continue, encore et encore
Une fois qu’on prend conscience de ce super-pouvoir auquel l’expatriation nous donne accès, on peut en faire un jeu ! Pendant longtemps, je me suis adaptée aux situations à contrecœur pour accomplir ce qui devait être fait. Dorénavant, je sors volontairement de ma zone de confort pour donner une chance aux envies que j’ai ignorées jusque là.
Par exemple, je participe depuis quelques mois à l’un des Open Mics de Bristol. C’est la première fois de ma vie que je joue de la guitare et chante devant un (petit) public.
Cet été, j’ai lancé @the.frenglish.girl sur Instagram et, à ma grande surprise, vous êtes déjà plus de 10 000 à m’y avoir rejoint, ce qui m’a confortée dans l’idée de lancer cette newsletter.
Je ne vais pas vous mentir, c’est exaltant ET aussi totalement terrifiant à chaque fois. Il m’a fallu un moment avant d’appuyer sur le bouton d’envoi de cet email. Mais que ça se passe bien ou non, peu importe. La plupart des choses que l’on entreprend ne sont pas mémorables. Si vous vous plantez sur scène, vous vivrez quelques minutes d'inconfort, mais on vous aura oublié dans la demi-heure qui suit. Si ce que j’écris ici n’apporte rien, je le verrai dans les statistiques et je passerai à autre chose sans que ça ne vous affecte.
Une fois qu’on voit les choses ainsi, ça enlève un sacré poids des épaules. Alors, comme disent les Anglais : “Feel the cringe, and do it anyway!”
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Le mot de la fin
La rentrée de septembre, comme d’autres moments clés de l’année (nouvel an, anniversaire, vacances), est un moment propice pour revoir sa Bucket List et entamer de nouveaux projets. Petits ou grands.
Y a-t-il quelque chose que vous rêvez de faire au Royaume-Uni dans les six mois à venir ? Essayer le wild swimming ? Changer de ville ? Changer de job ?
Pour se lancer, il faut souvent une bonne dose de confiance. Alors, j’espère que cette newsletter vous permettra de prendre une pause et de faire le point sur votre propre expérience, vos forces et vos envies. C’est si facile d’ignorer le chemin parcouru dans le tumulte du quotidien, mais je crois qu’il est important de prendre un moment pour faire un peu le bilan de temps en temps.
C'est ce que, en partie, je vous proposerai dans cette newsletter : un espace de réflexion sur votre vie d'expatrié. J’y partagerai mon propre vécu, et bien sûr je n'ai pas les réponses à tout, mais je suis convaincue qu’à mesure que le nombre de lecteurs grandira, on pourra s'apporter mutuellement des solutions, de la nuance et du réconfort dans cette vie à l'étranger que nous avons choisi.
A la semaine prochaine,
Mélanie
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J’adore!!
Le format de la newsletter, le contenu. Super!
Et je me retrouve beaucoup dans ton discours.
J’avais aussi 24 ans quand je suis arrivée dans ce pays où l’herbe est bien verte. Chui juste un p’tit peu plus vieille :)
J’ai toujours ce syndrome de l’imposteur que ce soit dans ma vie quotidienne ou professionnelle et ce sont des parties tierces comme mon mari anglais (qui parlait français avant de me rencontrer, quelle rareté!), mes amis français expats, mes amis anglophones, mes psys (ouaip j’en ai vus plusieurs),… qui me rappellent mon parcours. Après tout c’est ma boîte française qui m’a offert de partir au UK, donc tout était cadré et même si c’est moi qui est tout organisé, mon imposter syndrome pense toujours que j’ai pas fait grand chose.
J’ai un boulot (et salaire!) ici que je n’aurais jamais eu avec mon DUT et mon manque de confiance en moi en France. J’ai appris le vrai anglais, celui du pays - quelle claque! Mon anglais était très bon mais il a fallu apprendre à tenir une conversation et à parler vite. D’ailleurs mon français en a pris un coup, il est tout rouillé, ce que les anglais ne comprennent pas. Et c’est rigolo, même si un tantinet embarrassant, quand je parle à des clients français qui pensent que je viens du Québec parce que j’utilise des tournures de phrases farfelues et (apparemment) j’ai un petit accent anglais.
J’me suis fait des amis expats parce qu’on se comprend. J’ai aussi des amis anglais mais ce n’est pas la même chose et je pense vraiment qu’être expat est d’être au milieu de plusieurs mondes. On comprend tout, on se fait aux cultures, mais on n’est pas complètement de ces mondes. C’est comme si je venais de La Manche, du sas entre les 2 pays.
Et pareil, je ne me vois pas retourner en France. Ou ptet à la retraite, comme les anglais 😂 Je ne suis plus française, je suis hybride. Mais je pourrais m’adapter. Je pourrais même aller vivre dans un autre pays. Parce que oui, bouger d’un pays à un autre est une aventure de long terme. Il n’y a pas de fin et on s’adapte constamment même si on ne s’en rend pas compte et qu’on aime sa routine.
On est des gens formidables, nous expats :)
Au plaisir de te relire :)
Merci Mélanie, cela fait 7 ans que j'ai déménagé en Angleterre pour suivre mon conjoint qui voulais retourner à ces racines après avoir grandit en France. Ce fut très compliqué pour moi, je me suis beaucoup renfermé, j'ai du apprendre l'anglais de zéro, retrouvé un boulot, vivre dans une maison que je détestais...
Mais aujourd'hui, après avoir eut une petite fille, acheté notre maison et s'être marier, je me dit que malgré les difficultés et le manque de mes proches (toujours présent) j'ai fait le bon choix.
J'ai adoré te lire et j'ai hâte pour la suite.