Bienvenue dans le journal de bord d'une Française au Royaume-Uni depuis 15 ans. Votre dose de conseils, infos, humour et récomfort - chaque samedi.
Depuis quelques semaines, j'ose enfin dire que je suis “créatrice de contenu”. Je crois que c’est parce que, récemment, des marques qui me sont chères m’ont fait confiance pour leur produire des vidéos, en retour d’une rémunération. C’est dingue comme il est difficile de se détacher d’une valeure monétaire pour tenir son travail en estime. C’est parce que c’est grâce à ça que la newsletter peut continuer pour le moment.
La création, en vidéo ou à l’écrit, c’est véritablement un métier. Pour la faire bien, il faut y consacrer beaucoup du temps. Je ne pensais pas initialement accorder autant de place dans ma vie à cette newsletter, car j’avais sous-estimé les heures nécessaires à son bon déroulement. Mais la réalité s’est imposée à moi.
Alors cette semaine, je vous emmène dans les coulisses de mon quotidien, pour vous faire découvrir ce métier mal connu.
Dans ma bulle, en train d’écrire la prochaine newsletter. C’est devenu ces derniers mois ce qui occupe une grande partie de mon temps. J’ai encore du mal à réaliser comment je me suis lancée ce défi un peu fou.
Au programme
Le commencement.
Semaine type.
Merci !
Le pouvoir du réconfort.
2025
Le commencement.
Pour mieux comprendre comment je me suis retrouvée à écrire cette newsletter, il faut que je vous explique le contexte dans lequel j’ai commencé The Frenglish Girl.
Il y a un an encore, j’étais directrice marketing pour une startup anglaise. Comme beaucoup de jeunes sociétés, nous avions un besoin régulier de nouveaux capitaux pour faire évoluer notre projet. Ce projet, c’était de faire grandir un site mettant en relation des chefs de talent - cuisinant depuis chez eux - avec des personnes à la recherche de petits plats faits maison. Pour notre prochaine levée de fonds, nous avions besoin d’obtenir un million de livres sterling avant l’été 2024. Pas une mince affaire en période de récession.
Long story short, malgré tous nos efforts, ça n’a pas été possible. Nous avons dû mettre fin à nos opérations. Je me suis donc retrouvée en recherche d’emploi, au mois de juin dernier. Au-delà de consacrer mes journées à l'envoi de CV, je savais qu’il fallait que je me trouve une occupation, au risque de perdre la tête.
Je cherchais depuis plusieurs mois sur Instagram quelqu’un qui partage son expérience d’expatriée au Royaume-Uni. En vain. J’aime suivre depuis plusieurs années, certaines créatrices dont je trouve le contenu utile dans différentes sphères de ma vie : travail, parentalité, voyages… mais je ne trouvais pas de Française qui vive ici et traite du sujet de l’immigration/expatriation de longue durée.
Du coup, je me suis dit que je pourrais m’y essayer pendant cette période de creux qui s’imposait à moi. C’est bon pour le CV d’une marketeuse d’avoir un compte actif sur les réseaux sociaux. Je crée alors une petite série de vidéos, pour voir ce que ça donne.
À ce moment-là, je suis approchée pour un contrat freelance de 8 semaines. Ma pause est de courte durée, mais je suis ravie d’être choisie pour un projet dans l’événementiel à Bristol. Le rythme est intense, et je n’ai pas de temps à consacrer à ce compte Insta fraîchement lancé. Je publie tout de même les vidéos que j’avais eu le temps de préparer, et à ma grande surprise, plusieurs deviennent virales.
À la fin de l’été, alors que mon contrat se termine, presque 10 000 personnes suivent The Frenglish Girl. Je suis abasourdie. C’est la preuve qu’on est nombreux à vouloir parler de ce sujet. Il y a un truc à creuser.
Tout ça arrive à un moment où je suis à la croisée des chemins : j’ai besoin de plus de flexibilité autour de ma fille qui rentre en primaire, je peux de nouveau travailler cinq jours par semaine, et j’ai cette curiosité de voir si je peux faire grandir The Frenglish Girl. Cependant, je ne souhaite pas me cantonner aux réseaux sociaux. Ma frustration alors, c’est de grouiller d’idées, mais de trouver impossible de les exprimer dans un format vidéo de trente secondes. Je décide alors de lancer la newsletter que vous lisez actuellement. Parce que je suis plus à l’aise à l’écrit que devant une caméra. Et surtout, parce que je rêve secrètement de m’essayer à l’écriture.
Mon plan : dédier deux jours chaque semaine à TFL, et travailler comme marketeuse freelance les trois autres. Histoire de voir comment je m’en sors financièrement comme ça.
Semaine type.
S’il y a un qualificatif sur lequel mes proches se mettent d’accord pour me décrire, c’est que je suis organisée. Un peu trop même. Au point où l’imprévu peut avoir du mal à trouver sa place dans mes plannings bien ficelés.
Mais malgré mon sens de l’organisation, il n’a fallu que quelques semaines pour me rendre à l'évidence que consacrer deux jours à TFL n’allait pas suffir. Alors, soit j’abandonnais complètement (je n’en avais aucune envie), soit je profitais du momentum pour tenter d’en faire quelque chose, à temps complet. Vous devinez quelle option j’ai choisi. Voilà donc ce que sont devenus mes semaines depuis la rentrée.
Lundi. Je réponds aux emails, discussions Substacks, messages privés et commentaires sur les réseaux sociaux. Dans la réalité, je fais ça un peu tous les jours, mais ça permet de ne pas interrompre sans arrêt le flow de mon travail le reste de la semaine. C’est aussi le jour où je réponds aux sollicitations de partenariats, ou que j’approche les marques avec qui j’aimerais collaborer.
Mardi et mercredi. Écriture, écriture, écriture. C’est la partie qui peut varier le plus d’une semaine à l’autre. Selon l’inspiration et le “jus créatif” disponible. Parfois, les mots sortent avec une facilité déconcertante. Tantôt, je peine à accoucher de chaque phrase. Sans oublier les relectures, réécritures et corrections. J’essaye d’avoir toujours une semaine d’avance sur mon planning, pour m’assurer de vous faire un envoi hebdomadaire, même si un imprévu survient (comme la semaine dernière où ma fille était malade).
Jeudi. Journée consacrée aux vidéos. Finalisation des scripts, tournage, édition, programmation. C’est toujours un peu la course, et j’aimerais préparer ça plus en amont. Mais ma priorité reste toujours la newsletter. Le temps que je dois y consacrer fluctue grandement, alors j’adapte mon planning pour la fin de semaine en fonction de ça. Les réseaux sociaux, je les aborde comme un moyen de faire connaître la newsletter. Car c’est elle qui apporte véritablement du plus aux abonnés, en parlant en profondeur de la réalité de la vie d’expatriée.
Vendredi. Brainstorming pour générer de nouvelles idées, afin de se renouveler chaque semaine. J’ai actuellement une longue liste de thèmes à dépeindre (dont ceux que vous me suggérez, merci à vous). Alors pour le moment, ça me permet surtout de boucler ce qu’il reste à faire avant le weekend comme : enregistrer des podcasts où je suis invitée, apprendre à maîtriser les logiciels dont j’ai besoin, rester à jour avec ma comptabilité… j’en passe.
Les semaines passent à toute allure, et j’avais oublié à quel point on se sent vivante quand on se lève pour faire quelque chose qu’on aime et qui semble utile.
Merci !
Mais bien sûr, il y a aussi des semaines où je trouve ça ardu. L’ angoisse de la page blanche, la méchanceté dans certains commentaires sur les réseaux (pas les articles heureusement), la pression financière, le cerveau qui ne déconnecte jamais vraiment.
Et là, certaines parmi vous viennent rallumer la flamme, avec leurs remerciements qui font tant de bien à lire, et qui me rappellent pourquoi je crois qu’il y a une utilité dans ce que j’écris. Je vous partage quelques morceaux choisis :
“Expatriée en Écosse depuis 6 ans, je suis une grande fan de tes articles. Un grand merci pour tous tes conseils, tes recommandations et ton humour. Ils sont une bouffée d’air frais pour nous, les expats un peu perdus dans la jungle britannique.”
Car oui, ce qu’on dit trop peu, c’est que même après des années à vivre dans son pays d’accueil, on peut continuer de s’y sentir perdue. C’est source d’anxiété si on croit être seule face à ça. Alors qu’on est loin d’être des cas isolés.
“Pour tout te dire, j’étais réticente à l’idée de lire tes articles. Ras-le-bol de lire des textes de Français qui trouvent la vie meilleure en France, mais qui restent ici et font de mauvaises comparaisons. Mais là, non. Je me sens normale, écoutée, comprise, reconnue… Bref, merci !”
J’avoue avoir serré les fesses à la lecture de la première ligne, en me demandant à quelle sauce j’allais être mangée. Mais c’est encore plus jouissif d’arriver à surprendre une lectrice, alors qu’elle partait avec un a priori négatif.
“J’ai partagé ton compte à une amie et on est fans. Ça nous fait tellement de bien de mettre des mots sur les choses qu’on ressent depuis des années ! J’ai aussi envoyé ta dernière newsletter à mon amoureux anglais pour qu’il la traduise et la lise.”
J’adore l’idée que vous puissiez débattre des sujets que j’aborde avec vos amis expats. Et que ce soit aussi une porte d’entrée pour entamer la conversation avec vos conjoints britanniques. Car ce n’est pas toujours facile de trouver les bons mots pour expliquer nos difficultés à un natif. Écrire ces articles m’a moi aussi permis d’aborder certains sujets avec John, alors qu’on est ensemble depuis 12 ans.
“En tant qu’expatriée qui me pose un milliard de questions, qui ne suis jamais sûre de ma place ici, mais qui ne s’imagine pas rentrer en France pour autant, je me retrouve complètement dans tes textes. Et je me sens moins seule. Tu as trouvé un ton juste, garde-le.”
Je n’aurais pas pu mieux décrire à qui j’imaginais que cette newsletter parlerait en la lançant. Je souhaitais réunir une communauté de Français dont la vie est bien installée ici, et qui aiment profondément le UK. Mais qui malgré ça, ne s’y sentent pas toujours à leur place. C’est dur de faire la paix avec cette idée. Je crois que ça ne nous quittera jamais totalement. Mais, ça ne devrait pas nous empêcher de construire une vie heureuse ici.
“Je voulais te remercier infiniment pour tes articles qui sont tellement pertinents. Je suis arrivée en Angleterre en mars pour m’installer avec mon copain britannique. C’est parfois difficile, et les proches ne comprennent pas toujours, donc merci beaucoup.”
En commençant cette newsletter, je n’avais pas pensé que les thèmes que j’aborde puissent plaire de la même manière aux nouveaux arrivants, ou ceux qui songent à s’expatrier. Le fait que mes articles puissent vous rassurer quant à ce qui vous attend, et vous permettent de vous adapter plus facilement, me remplit de joie. Moi qui suis la benjamine de ma famille, j’ai l’impression de devenir un peu grande sœur.
J’en profite pour dire un immense merci à toutes celles et ceux qui prennent le temps de m’écrire. Vous ne savez pas le nombre de fois où vos messages sont tombés à pic, et m’ont remis en marche, un jour où je me demandais si ça valait bien la peine de continuer.
Le pouvoir du réconfort.
Je trouve l’inspiration pour mes articles en puisant dans les souvenirs de mon parcours en Angleterre ces quinze dernières années, ainsi que dans ce que je continue de vivre au quotidien. Face à une situation qui m'interpelle, j’ai la conviction que je ne peux pas être la seule avec ce ressenti. À avoir ces questionnements. À m'émerveiller des différences entre nos deux pays. À ressentir les frustrations qui découlent d’une vie en expatriation.
Cependant, ça reste intimidant de poser ça sur papier. Sans savoir si ce que j’aborde va raisonner en vous. L’écriture est une poursuite solitaire, et il est difficile d’évaluer si on a trouvé les mots justes. Le doute plane. Encore même, au moment de la publication. Alors, quand vous me dites que ces écrits vous ont touchés, c’est un soulagement. Une connexion qui apaise la partie de moi - et de vous je pense - qui peut se sentir parfois victime d’une sensibilité exacerbée. Alors qu’en fait, c’est juste qu’il est difficile d’avouer tout haut, ce qu’on est des centaines à ressentir tout bas.
Si je partage ces expériences, c’est parce que je crois profondément qu’un problème partagé est réduit de moitié. Pour celui qui le partage - mais aussi - pour celui qui le reçoit, et qui a désormais la preuve qu’il n’est pas seul. En lisant vos retours, je me dis que cette newsletter peut apporter un véritable service d’utilité publique à la communauté des Français de l’étranger. En apportant du réconfort certes, mais aussi, en vous offrant des solutions pratiques aux problèmes qui sont propres au choix de vivre entre deux pays.
C’est là, que réside tout l’intérêt de construire une communauté. En mettant nos expériences en commun au service de tous, dans les commentaires des articles, on peut s’apporter mutuellement des réponses à nos problèmes d’expats. Des solutions auxquelles on ne serait pas parvenus dans notre coin.
Avec cette newsletter, mon ambition est de regrouper le plus possible de nos compatriotes dispersés aux quatre coins du Royaume-Uni. Nous sommes plus de 150 000 Français au UK, alors ça en fait du monde. Mais ce n’est pas pour autant qu’on trouve forcément les personnes, ou l’espace, pour parler de ces choses plus intimes. Cette newsletter est là pour ça.
2025
Pour dédier mes semaines à TFG depuis septembre, vous vous doutez que notre famille a dû faire des compromis au niveau financier. Je commence tout juste à gagner un peu d'argent, grâce aux partenariats dont je vous parlais en introduction. Je remercie grandement d’ailleurs les éditions Bayard Monde, Merci Maman et Mademoiselle Dessert de reconnaître le travail que cela implique. À noter que ces collaborations ont lieu sur les réseaux sociaux, et que le contenu de la newsletter, lui, n’est jamais sponsorisé.
Cependant, je suis loin de pouvoir en dégager un salaire, et pendant ce temps, la vie suit son cours. On continue à rembourser l’emprunt de la maison, remplir le frigo, faire le service technique de la voiture.
Si j’ai décidé de me lancer dans cette aventure, c’est aussi parce qu’Amélie est entrée à l'école primaire (gratuite) au moment même où j’ai commencé la newsletter. On s’est enfin débarrassés du poids financier que représentaient les frais de garderie depuis plus de 3 ans. Sans ça, je sais que je n’aurais jamais osé tenter ce pari.
On vit donc actuellement à trois sur le salaire de John, qui m’a fait la plus belle preuve d’amour en soutenant ce projet un peu fou. J’arrondis nos fins de mois avec mes collaborations, nos économies couvrent les imprévus, et on a revu nos dépenses à la baisse. Mais ce n’est clairement pas tenable sur le long terme. Je m'interroge alors quant à la suite, et j’ai une question pour vous.
Si cette newsletter vous a été utile ces derniers mois, seriez-vous en mesure de la soutenir pour lui permettre de continuer ? Si c’est le cas, je vous invite à faire une contribution de £5 (ou plus, si le cœur vous en dit). Un grand merci d’avance.
Vous verrez que la plateforme de soutien que j’ai choisi s’appelle "Buy me a Coffee". Sachez que vos contributions ne serviront en aucun cas à me "payer des cafés". J’ai choisi ce site simplement car il a les frais de retenue les plus bas. J'avoue ne pas cautionner le nom qu’ils ont adopté.
Je ne fais vraiment pas cette requête de gaieté de cœur, mais je préfère être transparente sur ce que ça implique de faire perdurer ce projet. Merci infiniment de votre soutien.
Mélanie
Mise à jour (mars 2025) : pour assurer la continuité de The Frenglish Girl, je suis maintenant passée à un modèle d’abonnement payant. Vous pouvez voir les différentes options disponibles ici. Un grand merci pour votre soutien.
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Merci beaucoup Mélanie pour cet article plein de sincérité qui m’évoque plein de choses à titre personnel.
Je crois que c’est ta grande force d’ailleurs : parvenir à nous toucher aussi intimement et nous faire sentir pas seulement moins seul(e) mais « partie de la même équipe ». C’est très précieux 🙏☺️
Je te suis sur Insta mais ceci est la premiere newsletter que je lis. Je vais donc de ce pas aller voir toutes les précédentes… Joyeuses fêtes!
Chloé, 44 ans, Londonienne depuis 17 ans, un petit garçon de 5 ans, une belle-fille anglaise de 16 ans et un mari sud-Africain-Britannique!